A piece on Catherine Malabou in Le monde (12/17/2009):
Catherine Malabou n’a manifestement pas le goût des territoires et des routines. En retrouvant la philosophe dans un café bondé et quelque peu bruyant du 1er arrondissement de Paris, on comprend aussitôt qu’elle préfère les espaces ouverts à la quiétude du logis, et la foule au confort de l’intimité.
C’est d’ailleurs très bien ainsi, et le dialogue n’en pâtira pas. Car on découvre aussi que cette intellectuelle protéiforme est une interlocutrice attentive et passionnée. Elle semble d’ailleurs plus intéressée par l’autre que par elle-même, curieuse d’épier ses réactions et de savoir ce qu’il pense de son travail. Surprise, presque, qu’on s’intéresse à elle.
Elle dira être née en Algérie, avouera être normalienne, évoquera la thèse sur Hegel qu’elle a rédigée sous la direction de Jacques Derrida (dont elle fut un “compagnon de route”). Elle enseigne également à l’université de Nanterre et aux Etats-Unis. Pour le reste ? “Vous savez, élude-t-elle, ma vie n’est pas très intéressante.” On se tourne alors vers ses concepts, et à l’évidence, cela lui convient mieux. Celui de “plasticité”, notamment, qu’elle a justement découvert chez Hegel et n’a cessé d’élaborer depuis, pour en explorer toutes les implications.