New Book: Derrida, la tradition de la philosophie (Galilée, 2008)


Traditions de Derrida

par Jean-Philippe Milet

Derrida a lu, avec passion et admiration, la tradition philosophique. Mais sa lecture est transformation et réinvention — déconstruction. C’est ce que montrent, dans leur diversité, les contributions rassemblées dans ce volume dirigé par M. Crépon et F. Worms.

Recensé : Derrida, la tradition de la philosophie, sous la direction de Marc Crépon et de Frédéric Worms, Galilée, 2008, 217 p., 30 €.

L’apposition du nom de « Derrida » à « la tradition de la philosophie » peut signifier qu’à travers un style de lecture auquel renvoie le nom de « déconstruction », Jacques Derrida aura annoncé une autre manière de penser, une autre écriture ; mais aussi, que cette annonce est lisible à travers les philosophes qu’il aura lus ou « déconstruits » en tant que figures de la « métaphysique de la présence ». Dans leur diversité, les contributions rassemblées dans ce volume (et issues d’un colloque organisé à l’ENS Paris en octobre 2005) évitent l’alternative trop simple entre rupture et continuité, pour mettre l’accent sur la manière dont Derrida s’est installé dans la structure des oppositions hiérarchisées de la métaphysique (sensible/intelligible, matériel/spirituel, vivant/non vivant, parole/écriture, etc..) en vue de les subvertir en laissant apparaître le travail du sens, une production implicite ou inconsciente d’effets de sens qui déstabilise de l’intérieur tous les systèmes conceptuels. Suivant le fil directeur de ce rapport, sont abordés les principaux thèmes de la pensée derridienne : la trace, la différance, le messianisme, la spectralité, la responsabilité, le désert. Deux repères permettent d’éclairer le rapport de Derrida à la tradition : la nécessité où il se trouve de présupposer l’identité et l’unité archéo-téléologique de la tradition philosophique pour la déployer en un récit (D. Kambouchner) ; la possibilité d’une invention d’idiomes, reposant sur le lien entre déconstruction et traduction (M. Crépon). Si Derrida identifie la tradition, il ne la laisse pas intacte, il la transforme, la réinvente, et ce, à chaque lecture. Peut-être y a-t-il plus d’une tradition philosophique ? Peut-être, en chaque acte de réinvention, Derrida est-il, chaque fois, « la » tradition » ? C’est une des pistes de réflexion suggérée par un colloque dont les analyses, dans leur richesse et leur minutie, ne se laissent pas résumer. On se contentera d’esquisser une topographie des différentes stratégies de lecture.

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